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Le sultan Erdogan ces derniers jours a souvent fait la une des journaux français. Et les gros titres ne sont pas flatteurs. Il est accusé de sa vengeance, de son soutien au gouvernement libyen légitime, de son intervention militaire, de ses déclarations provocatrices.
Nous lui donnons une leçon. Nous le menaçons. On lui dit que la Turquie n’a rien à voir avec cela en Libye. Mais vous ne reconnaissez jamais vos succès.
Ajib.fr n’est pas un média d’opinion. Nous ne dirons pas s’il a raison d’intervenir en Libye ou contre le PKK à la frontière syrienne ou irakienne. Dès que le sang des musulmans coule, notre réflexe est de garder le silence et de vouloir qu’il s’arrête.
Notre mission est de produire de bonnes nouvelles, pas de mauvaises nouvelles.
Et il y a de bonnes nouvelles depuis quelques années sous le drapeau turc.
Ce pays est passé de 320 milliards de dollars de PIB en 1990 à plus de 1240 milliards de dollars en 2020. La production nationale a quadruplé au cours de cette période.
Le pourcentage de personnes en dessous du seuil de pauvreté absolue (1,9 $ par jour) est passé de 4,2% en 2003 à 0,1 en 2018.
Et de nombreuses autres statistiques sur le miracle turc pourraient être citées dans tous les domaines de l’économie.
La gestion turque de COVID a été exemplaire et il y a eu de nombreux succès dans l’éducation, les transports, la santé et même l’aide internationale.
Au cours de la même période, le foulard, interdit dans les universités et les administrations, a été autorisé partout. Des mosquées et des salles de prière ont été ouvertes dans tous les lieux publics. La population est fière et unie dans sa foi musulmane dominante, mais respecte toujours toutes les autres obéissances et vit en paix avec elle-même.
En Libye, la Turquie a pris la part de l’aide au GNA, le gouvernement de transition officiellement reconnu par toutes les parties internationales et les Nations Unies face aux agressions d’un mercenaire du nom de maréchal Haftar qui avait été aux portes de Tripoli il y a quelques semaines et bombardé la ville, même en plein Ramadan. Le conflit armé entre le maréchal Haftar et le GNA, qui fait rage depuis des années, a divisé le pays en deux, entraîné le déplacement d’environ 400 000 Libyens, conduit 650 000 routes sur les routes de l’exil et tué au moins 30 000 personnes.
Mais on s’en fout trop. Ce que je dis, la France décide de le soutenir. Sans demander l’avis des gens d’ailleurs. N’est-ce pas surprenant? Un certain BHL a officié il y a quelques années à Tripoli comme “ambassadeur” français sur le territoire de Tripoli, et notre cher président Macron, décide, sur les conseils (ou non) de ses experts politiques, de soutenir Haftar contre le GNA, pourtant reconnu internationalement.
Pourquoi ce choix? Le très sérieux magazine Slate.fr cite Jalel Harchaoui, chercheur à l’Institut Clingendael de La Hague: Aux yeux de Jean-Yves le Drian, les Emirats Arabes Unis sont “le” partenaire idéal. Ils sont riches, disciplinés et ultra militarisés. Et puis, le ministre français des Affaires étrangères partage leur intolérance, ainsi que celle de l’Égypte, à l’égard de l’islam politique et du populisme islamique. Emmanuel Macron, qui ne connaissait pas grand-chose à la région, a emboîté le pas à son ministre. Résultat: si la France n’a pas activement fait la guerre aux côtés d’Haftar, contrairement à ce que prétendent les Turcs, il est vrai que Paris a fourni au maréchal un revêtement occidental et diplomatique. Et c’était essentiel! “
La France joue donc à nouveau au poker. Nous parions sur une main des Emirats et avançons ses pions en Libye en jouant des bluffs.
Mais le bluff ne fonctionne pas toujours. La France, à part quelques vieilles batteries de missiles encombrantes et certains agents de la DGSE, n’a pas vraiment apporté son soutien. Et quand Erdogan a décidé d’aider le GNA, il a tenu parole. Et en quelques semaines, quelques centaines de soldats et quelques milliers de mercenaires ont battu Haftar et ses sbires. Les drones turcs ont fait des miracles a priori avec leurs attaques ciblées.
Maintenant Haftar et ses émirats, Egyptiens, Français ou autres partisans, à distance. Sa dernière forteresse pourrait bientôt tomber.
Erdogan peut se féliciter. Il n’y a presque pas eu d’effusion de sang, du moins de sang civil. La victoire est brillante. Pourtant, les relations difficiles avec la Russie et les États-Unis sont sauvées.
Les relations avec l’Europe restent. Tant que Macron et les autres membres de son rang resteront, les relations seront mauvaises. Et cela pourrait même empirer. Mais personne n’est éternel. Et pour le moment, la gifle du sultan face au monarque parisien est une immense victoire qui élève encore une fois la Turquie à son statut de leader régional qu’elle détient depuis des siècles.
Continue….